Face aux saignements, nous ne sommes pas tous égaux. En cause ? L’hémophilie, maladie caractérisée par l’incapacité du sang à coaguler correctement. Autrement dit, lors d’un saignement (interne ou externe), le sang n’arrive pas à se solidifier pour créer un caillot. Or, sans caillot, l’arrêt des saignements est rendu nettement plus difficile.

S’il n’existe pas (encore) de moyens permettant de guérir de la maladie, de nombreux traitements permettent de réduire ses risques et d’améliorer sa qualité de vie. 

Zoom sur cette affection qui remonte à la nuit des temps. 

Histoire de l’hémophilie

L’Histoire de l’hémophilie commence avec celle de l’humanité. On retrouve sa trace dès l’Antiquité, dans le Talmud, et tout au long de l’Histoire, dans les écrits du médecin Albucassis au XIIème siècle par exemple. On y souligne déjà son caractère héréditaire de et sa propension à toucher les hommes.

Toutefois, si la maladie est connue, il faut attendre le XIXème siècle pour que l’hémophilie soit proprement étudiée, discutée… et nommée ! Celle-ci n’ayant pas “officiellement” de nom avant 1828. À la même époque, on la surnomme “la maladie des rois”. La raison de cette appellation royale ? La reine Victoria d’Angleterre (1819-1901), porteuse du gène qu’elle transmet à de nombreux membres de sa descendance, parmi lesquels, le tsarévitch Alexis, pris en charge par un certain moine du nom de… Raspoutine !


Au XXème siècle, avec les progrès de la médecine, l’histoire de l’hémophilie s’accélère : 

  • en 1937 on dégage les premières des pistes de traitements, 
  • en 1952, le Dr Pavlosky découvre la distinction entre hémophilie A et B, 
  • à la fin des années 60 et au début des années 70, les concentrés de facteurs VIII et IX révolutionnent les traitements,
  • dans les années 1990, ces mêmes facteurs sont fabriqués par génie génétique.

Aujourd’hui, des produits à longue action comme les facteurs VIII de remplacements ou les anticorps monoclonaux le reproduisant représentent des avancées thérapeutiques majeures.  

Le saviez-vous ? Parmi les célébrités hémophiles, on peut citer le cycliste Alex Dowsett et la comédienne Alex Borstein qui soutiennent activement les recherches sur la maladie.

Définition de l’hémophilie

Après l’Histoire, place aux SVT ! 

Du grec haîma, “sang” et philos “affection”, l’hémophilie est une maladie héréditaire qui affecte la coagulation du sang. Ceci est dû à des mutations génétiques entraînants un défaut de synthèse de facteurs de coagulation. 

Ces déficits en facteurs de coagulation permettent de définir le type d’hémophilie dont une personne est atteinte. Car, idée reçue n°1, il n’y a pas une seule et unique hémophilie mais bien… trois

  • L’hémophilie A, la plus courante (on estime à 320 000 le nombre de personnes touchées, dont 6 000 en France)1 est due au déficit ou à l’absence du facteur VIII, aussi appelé facteur anti-hémophilique A (logique !). 
  • L’hémophilie B, forme plus rare (1 cas d’hémophilie B pour 5 cas d’hémophilie A2), est liée au déficit ou à l’absence du facteur IX, aussi appelé, vous l’aurez deviné, facteur anti-hémophilique B. 
  • L’hémophilie C ou maladie de Rosenthal. Forme légèrement différente de l’hémophilie, elle est liée à un déficit en facteur XI et touche autant les hommes que les femmes3

Seconde idée reçue : une personne hémophile saigne beaucoup. Beaucoup plus et beaucoup plus vite que n’importe qui. Au risque de vous décevoir, un hémophile, peu importe le type, saigne de la même manière que quiconque. Seule différence, la durée : la personne, car son sang ne coagule pas ou peu, saignera beaucoup plus longtemps.

Dans le cas de l’hémophilie A et B, le risque d’hémorragie dépend également du taux de facteur anti-hémophilique dans le sang.

  • Si celui-ci se situe entre 6 à 30%, la maladie a une forme mineure. Cela concerne 50% des cas4
  • S’il se situe entre 1 et 5%, elle a une forme modérée (environ 15% des cas)5.
  • Enfin, s’il est inférieur à 1%, il s’agit d’une forme sévère (35% des cas)6.

Transmission de l’hémophilie

Ni virus, ni maladie contagieuse, l’hémophilie se transmet de manière héréditaire et, souvent, de parent à enfant du sexe masculin. 

Mais pourquoi les garçons sont-ils presque exclusivement touchés par la maladie ? La réponse est à rechercher dans nos gènes. Littéralement.

En science, le sexe d’un individu est déterminé par ses chromosomes : XY pour un homme, XX pour une femme. Or, c’est justement ce chromosome X qui contient les gènes altérés responsables de l’hémophilie.

Si une femme hérite de l’un des chromosomes X altéré, le second peut compenser la mutation. Elle sera donc une porteuse saine. Toutefois, dans le cas exceptionnellement rare, où elle venait à hériter de deux chromosomes porteurs de la mutation, elle serait hémophile. 

A contrario, si un garçon hérite d’un chromosome X porteur d’un gène muté, le chromosome Y ne peut tout simplement pas compenser. Il sera donc automatiquement conducteur et hémophile. 

Toutefois, car il faut toujours une exception, dans le cas de l’hémophilie, il s’agit de la forme C. En effet, contrairement aux deux précédentes formes, le gène défectueux n’est pas présent dans le chromosome X, mais dans le chromosome 47. C’est pourquoi elle touche de la même façon les deux sexes.

Symptômes de l’hémophilie

Les symptômes de l’hémophilie apparaissent souvent quand les personnes hémophiles sont encore très jeunes. Ils peuvent inclure : 

  • la formation rapide de bleus et d’ecchymoses. 
  • des saignements spontanés ou consécutifs à des traumatismes, mêmes mineurs. Cela est particulièrement le cas au niveau des articulations (on parle d’hémarthroses), dans les muscles (hématomes) ainsi que dans la bouche à la suite d’une morsure, d’une perte de dent ou d’une coupure. 
  • la présence de sang dans les urines.
  • une articulation gonflée, chaude et douloureuse à la flexion et à l’extension. 

Diagnostic de l’hémophilie

Du fait de son caractère héréditaire, le diagnostic est souvent réalisé très tôt, parfois même avant la naissance de l’enfant. Dans ce cas, il se fait aux environs de la dixième semaine de grossesse par biopsie du trophoblaste (prélèvement de cellules du placenta) ou par amniocentèse à la 15ème semaine8.

Autrement, le diagnostic se fait par prise de sang. Le but étant de mesurer le taux des facteurs VIII et IX ce qui permettra également de déterminer le type d’hémophilie (A ou B) et la sévérité de l’atteinte.

Traitement de l’hémophilie

S’il n’est pas encore possible de guérir de l’hémophilie, des traitements permettent de limiter les symptômes dans leur ensemble et donc de vivre de manière plus sereine. Ces derniers visent à compenser le déficit en facteurs VIII et IX en les remplaçant par de nouveaux facteurs déviés de sang humain,produits par génie génétique (les recombinants) ou par des anticorps monoclonaux mimant le facteur VIII. 

Ils sont administrés par voie intraveineuse ou sous-cutanée par un professionnel de santé ou par le patient lui-même. Toutefois, les traitements ont une durée de vie limitée, c’est pourquoi il est nécessaire de renouveler l’opération de manière régulière.

Depuis 2020, Roche-Chugai œuvre à l’amélioration de la qualité de vie des personnes hémophiles. Nos recherches dans les domaines des cultures cellulaires, de la production de protéines recombinantes et d’anticorps monoclonaux nous permettent, chaque jour, d’avancer vers une meilleure prise en charge de la maladie. Une mission au cœur de nos préoccupations.

M-FR-00006135-1.0- Etabli en avril 2022


Sources


Aller plus loin

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