Fatigue, manque de temps, de motivation… la liste des raisons à la non-pratique d’une activité sportive peut, de base, se révéler bien longue. Mais, chez les personnes atteintes d’hémophilie, celle-ci s’allonge encore. Entre, inquiétudes à l’idée de se blesser, peur de déclencher un saignement, anxiété à l’idée de souffrir et manque d’informations, les freins à la pratique du sport sont nombreux et réels. Pourtant, loin d’être déconseillée, celle-ci peut améliorer considérablement le quotidien des personnes touchées par la maladie des rois. 

Tout est une question de pratique, de conseils et d’accompagnement. Explications.

Les bénéfices de l’activité physique

Si, depuis notre plus tendre enfance on nous répète que “pour notre santé, il faut pratiquer une activité physique régulière”, ce n’est pas pour rien ! Connus depuis l’Antiquité et étudiés par les scientifiques depuis, les effets du sport sur notre corps comme sur notre esprit ne sont plus à démontrer. Comme quoi, Juvénal ne se trompait pas quand il parlait d’un esprit sain dans un corps sain ! Alors, hémophilie ou non, hors de question de tourner le dos au sport ! 

Si elle est pratiquée de manière régulière et adaptée à l’atteinte, la pratique sportive a de nombreux bienfaits sur le quotidien des personnes hémophiles : 

  • Le développement et le renforcement musculaire, ce qui permet de mieux soutenir et protéger les articulations en plus d’améliorer la solidité des os1.
  • Elle permet de lutter contre les kilos en trop et le risque de surpoids, qui peut venir peser sur les articulations qui sont particulièrement sensibles et fragiles chez les personnes hémophiles2
  • L’amélioration du flux sanguin ce qui peut prévenir de nouveaux saignements3
  • Grâce aux étirements, la pratique sportive permet d’améliorer la souplesse et donc de soulager les raideurs musculaires en plus d’améliorer la mobilité articulaire, une alliée de taille dans la lutte contre les blessures et hémarthroses4.
  • La pratique sportive permet de produire de la synovie en plus grande quantité et donc d’améliorer la lubrification du cartilage5
  • Enfin, sur le plan psychique, la pratique d’une activité physique permet d’augmenter la production d’endorphines6, surnommées “hormones du bonheur”. Ce qui permet, entre autres, d’améliorer l’estime de soi et d’éloigner la dépression.

En d’autres termes, la pratique d’une activité sportive chez les personnes vivant avec l’hémophilie permet de se sentir bien dans sa tête comme dans son corps. Mens sana in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain, on y revient ! 

Quelles précautions respecter ?

Si les bienfaits au sport ne sont donc plus à prouver, même (et surtout) quand on est une personne atteinte d’hémophilie, pas question pour autant de se jeter à corps perdu dans la pratique de mille sports. Avant d’enfiler votre paire de baskets et de créer votre playlist spéciale sport, il convient de suivre 5 règles d’or : 

Règle n°1 – L’échauffement et les étirements, vous n’oublierez pas

Avant de solliciter vos muscles et après les avoir fait travailler, il est important de les chouchouter. D’abord en s’échauffant doucement pendant quelques minutes puis en s’étirant à la fin de la pratique7.

Règle n°2 – à boire, vous penserez

Qui dit “sport” dit souvent “transpiration” et “sudation”, ce qui implique « déshydratation ». Or, le manque d’eau est un facteur favorisant les blessures8 ! L’hydratation est donc l’une des clés d’une pratique sportive sécurisée. Alors, avant, pendant ou après, n’attendez pas d’avoir soif pour boire de l’eau9.

Règle n°3 – à l’équipement vous porterez une attention particulière 

Les cordonniers sont peut-être les plus mal chaussés, mais cela ne peut pas être le cas des sportifs ! En effet, un équipement peu ou pas adapté, mal entretenu ou de mauvaise qualité est souvent source de pathologies10. C’est d’autant plus vrai quand on est atteint d’hémophilie et que les articulations sont déjà des zones fragiles11. N’hésitez donc pas à vous renseigner auprès des professionnels du sport sur les meilleurs équipements en fonction du sport effectué.

Règle n°4 – les produits de premiers secours et facteurs de remplacement vous aurez près de vous

De la glace, des bandages, des pansements et des facteurs de coagulation prêts à utilisation12. Même si vous ne vous en servez pas (et on vous le souhaite), mieux vaut prévenir que guérir !

Règle n°5 – votre corps vous écouterez

Douleurs, picotements, gênes, lourdeurs… autant de signes que votre corps vous envoie pour vous prévenir que quelque chose ne va pas. Rien ne sert donc de “forcer” et de continuer à faire du sport. Arrêtez-vous, reposez-vous et, si la douleur persiste, contactez votre médecin13.

Quels sports pratiquer ?  

Plutôt sport équestre ou activités pédestres, sport collectif ou individuel ? Si choisir le sport que l’on va pratiquer est déjà une question importante en temps normal, quand on est atteint d’hémophilie, celle-ci prend encore plus d’ampleur. Pour vous aider à choisir un sport compatible avec la maladie, la Fédération Mondiale de l’hémophilie, la National Hemophilia Foundation14 ainsi que l’Association Française des Hémophilies ont établi des listes des activités à préférer et de celles à éviter. Celles-ci sont classées en trois catégories, de la moins risquée à celles comportant le plus de risques de blessures.

Parmi les activités présentant le moins de risques15, on peut citer : 

  • Les activités pédestres : marche à pied, jogging, course, randonnée, cross… 
  • La natation 
  • La danse sous toutes ses formes (jazz, contemporaine, de salon…).
  • Les activités sans contact comme le tir à l’arc, le badminton, la pêche, le bowling ou le ping-pong. 
  • Les activités de lancer : poids, javelot, disques
  • Certains sports nautiques : surf, planche à voile, aviron, canoë

Dans la catégorie “risques modérés” : 

  • Les sports de raquettes : tennis, squash 
  • Certains sports de contact : football, basketball, volley, hockey, handball… 
  • Certaines activités en pleine nature comme l’escalade ou la descente en rappel. 
  • Les activités impliquant des sauts et des obstacles, de type saut en hauteur, à la perche ou course d’obstacles. 
  • Les activités de “conduite” comme l’équitation, le VTT, le roller, le skate ou le BMX. 
  • La gymnastique artistique, rythmique, acrobatique ou le trampoline. 
  • Quelques sports nautiques : ski nautique, voile, rafting et plongeons. 
  • Les jeux de balles : baseball, cricket… 

Enfin, parmi les sports aux risques élevés, on peut retrouver, sans grande surprise : 

  • Les arts martiaux : karaté, judo, kung-fu, tae kwon do… 
  • Les sports de collisions : boxe, football américain, rugby… 
  • Les sports de glisse avec figures : skateboard, BMX… 
  • Les sports de neige : ski, patin à glace, luge, snow…

Si la pratique du sport peut donc tout à fait rimer avec hémophilie, il y a donc quelques règles à respecter. N’hésitez pas à en discuter avec votre médecin qui pourra vous conseiller et vous orienter vers un programme et/ou un sport adapté à vos envies et votre hémophilie. 


M-FR-00006437-1.0-Etabli en avril 2022


Sources