Quelles sont les répercussions de l’hémophilie sur la carrière professionnelle des personnes atteintes de l’hémophilie ? Contrairement aux idées reçues, grâce aux traitements actuels et à la prise en charge précoce de cette maladie, une grande diversité de métiers peuvent être exercés1 sans danger, à quelques exceptions près qu’il convient de respecter. Mais alors qu’elles sont-elles ? Et quels sont les besoins d’un salarié hémophile vis-à-vis de son employeur ? Zoom sur le lien entre vie professionnelle et hémophilie.

Quels impacts sur ma vie professionnelle ?

Bonne nouvelle : grâce à l’efficacité des traitements actuels comme ceux en prophylaxie, les hémophiles peuvent pratiquer des activités physiques en diminuant les risques d’hémorragies et, ainsi, ouvrir leur champ des possibles au niveau professionnel. Néanmoins, certains métiers qui risqueraient de solliciter trop fortement les articulations, comme militaire, pompier, bûcheron, ou certains métiers dans le secteur de la métallurgie, du BTP et de l’aide à la personne restent déconseillés2.

De manière générale, si le métier convoité implique des efforts physiques ou des gestes répétés qui peuvent solliciter toujours les mêmes articulations, au risque de les endommager plus rapidement, la prudence reste de mise. De même, en fonction de la sévérité de l’hémophilie de chaque personne, il arrive que les difficultés liées à cette maladie provoquent une fatigue supplémentaire et des rendez-vous médicaux réguliers qui peuvent affecter leur temps de présence au travail.

Si un métier attire particulièrement l’attention d’un hémophile mais qu’il s’avère difficile pour lui de l’exercer pour des raisons propres à sa pathologie, il est possible d’envisager un métier différent, mais associé au même secteur. Par exemple, devenir architecte ou dessinateur industriel, au lieu d’exercer un métier manuel risqué dans le secteur du BTP. Par ailleurs, lorsqu’une personne est atteinte d’une forme d’hémophilie trop contraignante pour exercer normalement son métier ou qui l’empêche totalement de travailler, il est possible de réfléchir à une reconversion grâce à des dispositifs d’aides dédiés ou bien de prétendre à une allocation adulte handicapé3.

L’Association Française des Hémophiles propose aux hémophiles de les mettre en relation pour échanger sur leur quotidien au travail ou leurs aspirations professionnelles dans le but de concilier au mieux leur vie professionnelle avec leur maladie4.

Dois-je informer mon employeur ?

Conformément à l’article 9 du Code civil, chacun a le droit au respect de sa vie privée. Chacun est donc libre de choisir de le faire ou non. C’est son choix !

Néanmoins, si une personne hémophile décide de ne pas prévenir son employeur : 

  • Elle ne bénéficiera pas d’aménagement particulier en cas de problèmes, prises de médicaments sur place ou rendez-vous médicaux impérieux. 
  • En cas d’accident du travail, la responsabilité de l’employeur est plus difficile à mettre en cause, sans avoir été informé des risques encourus, liés à la pathologie de son salarié5.

Les avantages à prévenir son employeur sont ainsi nombreux, il peut notamment adapter les tâches confiées au salarié concerné et prendre des mesures et des décisions adaptées à son état de santé. Il est préférable d’accompagner cette annonce d’explications sur les particularités de l’hémophilie, tout en valorisant aussi les compétences que cette maladie peut permettre de développer, comme l’adaptabilité, la volonté, etc. Il est possible d’en faire l’annonce à n’importe quel moment mais trois moments sont à privilégier au choix :

  • lors de l’embauche ; 
  • au moment de la déclaration annuelle obligatoire de l’emploi des travailleurs handicapés par l’employeur (avant le 1er mars de chaque année) ;
  • lors d’une visite médicale.

Pour rappel : l’article L.1132-1 du Code du travail interdit à un employeur de licencier ou de limiter l’évolution d’un salarié en raison de son état de santé ou de son handicap.

Ai-je droit à des aides ?

En faisant reconnaître le statut de travailleur handicapé, une personne atteinte d’hémophilie peut bénéficier d’un ensemble d’aides. Celles-ci ont pour but de faciliter les démarches d’insertion professionnelle en offrant notamment :

  • Un accès prioritaire aux contrats uniques d’insertion (CUI-CAE, CUI-CIE) ;
  • Un accès aux aides proposées par l’AGEFIPH (Association de Gestion du Fond pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées) et l’aménagement de son poste de travail ;
  • Un encadrement de la part du SAMETH (Service d’Appui au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapés) ;
  • Un accompagnement sur-mesure offert par Cap Emploi ;
  • L’aide de la Cellule de Prévention de la Désinsertion Professionnelle de la CARSAT, pour les salariés du privé en arrêt de travail, risquant d’être reconnu inapte à leur poste.

Pour obtenir le statut de travailleur handicapé, les personnes atteintes d’hémophilie doivent en faire la demande auprès de la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes handicapées (CDAPH)6. Pour en savoir plus sur les démarches à effectuer pour obtenir les différentes aides possibles, n’hésitez pas à vous tourner vers l’Association Française des Hémophiles (AFH). 

Bon à savoir : embaucher et employer un salarié au statut de “travailleur handicapé” peut aussi être avantageux pour l’employeur. Ce dernier peut bénéficier d’aides de l’État en embauchant un salarié porteur du statut de “travailleur handicapé”. Il a aussi la possibilité de réduire le montant de sa taxe AGEFIPH (dont il doit obligatoirement s’acquitter si son entreprise compte plus de 20 salariés).

Hémophilie et carrière professionnelle ne sont donc pas du tout incompatibles. Au contraire, il s’agira simplement de savoir prendre quelques précautions pour s’épanouir au travail, dans les meilleures conditions pour sa santé. 

Pour plus d’informations sur comment jongler entre hémophilie et vie professionnelle, n’hésitez pas à vous rapprocher de l’Association Française des Hémophiles (AFH) : afh.asso.fr


M-FR-00006436-1.0-Etabli en avril 2022


Sources